"Je suis malade mental, je suis bipolaire"

Argument

« Je viens vous voir parce que je suis cyclothymique », « je passe du rire aux larmes, je dois être bipolaire », « je suis épuisée par mes up et mes down »… De la dépression dite « saisonnière » aux oscillations de l’humeur contemporaine, la bipolarité est devenu l’un des noms majeurs dont se parent les sujets que nous recevons, et tient le haut du pavé d’une époque hypomaniaque qui ne cesse d’osciller entre rythme de vie frénétique et mélancolisation.

Si « la montée au zenith social de l’objet a » anticipée par Jacques Lacan et l’épuisement que le discours capitaliste engendre peuvent sans doute expliquer le recours majeur à ce diagnostic qui est bien souvent un auto-diagnostic, nous nous efforcerons surtout de suivre le fil de cet objet au cas par cas : derrière l’idée de cycle, peut se lire, chez chaque sujet parlant qui souffre de cette identification à l’objet dans sa version de rebut et son renversement en triomphe sur l’objet, la permanence de la pulsion de mort qui sourd à travers les battements de l’inconscient.

Virginie Leblanc-Roïc