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Tya en Belgique

Angoisse

avec Lieve Billiet, psychanalyste membre de la NLS et de l'AMP

Samedi 31 janvier 2026 de 9h à 12h30

Argument

Alors que les signifiants pour nommer le mal-être humain varient au cours du temps, il est un affect qui traverse les discours et les époques : l’angoisse. Rivée au corps, moment de « détresse » du moi devant l’exigence pulsionnelle selon Freud (1), l’angoisse a la peau dure dans les expériences des êtres parlants.

L’angoisse est partout aujourd’hui, signe des temps où le trop de présence de l’objet est à l’avant-plan plus que le manque, nécessaire au désir. Cela fait surgir de manière accrue la dimension obscure et inquiétante du désir de l’Autre. Freud, et après lui Lacan, ont accentué la fonction de l’angoisse comme signal, défense contre le réel, incarné par l’objet pulsionnel. Lacan a situé le paradoxe relatif à ce concept dans la théorie analytique « […] - la défense n’est pas contre l’angoisse, mais contre ce dont l’angoisse est le signal » (2) : la présence d’un objet, objet étrange, chargé de jouissance. Le regard et la voix en sont deux manifestations majeures dans la clinique de l’angoisse.

La consommation de produit, dont la fonction implique particulièrement le corps (3) est souvent une réponse à l’angoisse. Ceci nous ramène au paradoxe signalé par Lacan : le produit ferait taire cet affect « qui ne trompe pas » (4) sans qu’il soit toujours possible pour le sujet d’en parler.

Pour cette conversation, nous viserons à apprendre quelque chose des sujets consommateurs qui évoquent cet affect, au-delà des signifiants pour en décrire le ressenti : boule au ventre, oppression, étouffement, sentiment de mort imminente, etc…Qu’entendre des expériences de ces sujets confrontés parfois à des angoisses massives ? Comment comprendre la notion de « manque » chez les sujets que nous rencontrons en institution ? A quoi ce manque est-il lié ? A l’occasion, à une perte réelle, à un vide insupportable, à un trou qui apparait dans certaines conditions ou accompagne continuellement le sujet. Comment, pour le sujet, l’angoisse a-t-elle surgi et dans quelles circonstances réapparait-elle dans sa vie quotidienne ?

La clinique de l’angoisse diffère selon les structures subjectives. L’angoisse peut provenir de phénomènes élémentaires tels le vide, la dépersonnalisation, l’apparition d’un Autre terrifiant, la perte des contours de l’image du corps et peut pousser au passage à l’acte, alors dernier recours comme nous l’indique Lacan, pour « arracher à l’angoisse sa certitude » (5). Comment traitons-nous en institution ces manifestations souvent douloureuses, éprouvantes, de l’ordre de l’horreur, selon l’expression de Jacques-Alain Miller (6)? De quels autres recours disposerait le sujet pour traiter ce qui cause et ce que signale l’angoisse ?

Pour la Commission du TyA,

Hélène Coppens, Marie-Françoise De Munck et Isabelle Prévot