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Matinée clinique de Zazie-Belgique avec Guy Poblome

Bouillon de famille

Samedi 4 février, 9h30-12h30

La famille elle-même n’est digne et respectable 

qu’en tant qu’elle peut être un endroit où chacun peut trouver 

un espace pour ce qui est sa particularité résiduelle [].

De quelque (re)configuration familiale qu’il s’agisse, ce bouillon de famille fait entendre la marmite dans laquelle parents et enfants mijotent ; chacun y participe et y est immergé. 

Les recettes font florès pour gérer les cris, les colères, l’absence de limites, les caprices, la tyrannie des enfants, et les burn-out, les démissions, les fulminations, les irritations des parents…Pour les uns comme pour les autres,exitla docilité de se laisser enseigner, éduquer, soigner. Enfants, parents s’en donnent à qui mieux mieux : les uns vis-à-vis des autres et les autres vis-à-vis des uns ; quand ce n’est pas entre eux que cela bouillonne : disputes, rivalités n’épargnent personne. L’idéal parental – insu et à son insu porté par l’enfant – s’en trouve atteint. Faisant fi des angoisses respectives, face à ces symptômes, tantôt on attribue une valeur omnipotente ou cathartique à la parole (parler fait du bien), tantôt il n’y a rien à dire et on tente de réduire les symptômes à des comportements à corriger ou à éradiquer. Quand les réponses de la société ne sont pas médicales. 

La gestion viendrait-elle mettre le couvercle sur l’ingérable, l’insupportable ? À ignorer le malentendu de structure, n’y a-t-il pas le risque de glisser dans un tourbillon imaginaire, voire interprétatif ?

Nul horizon de restaurer les croyances au père qui viserait la réhabilitation de l’autorité paternelle, nulle perspective d’éduquer parents et enfants aux bons comportements ne pourront venir à bout (!) du malentendu du désir qui trouble les relations parents enfants du fait d’être des êtres affublés du langage.

Le dire s’accompagnant du son sans le sens, l’infans reçoit, par instillation [], de ses parents proches un « bouillon de langage » [] dans lequel il baigne. La jouissance y est convoquée. C’est là que réside la prise de l’inconscient. De ce bain qui participe d’une transmission non évaluable, discrète, mais puissante, n’y pourrions-nous pas trouver justement de quoi nous orienter ? Cette énigme de l’impact des mots sur le corps ne ferait-elle pas orientation pour notre pratique ? Les troubles, les crises, les colères, les dys-fonctionnements, les bêtises, les abandons, les exaspérations à les reconnaître comme achoppements, trébuchements, glissements, bévues offrent une perspective autre pour l’enfant et le parent. De même pour tout être parlant. Du malentendu, chacun aura occasion d’en faire un usage singulier. 

Partant de l’irréductible du désaccord, dans l’accueil de ce qui insupporte de l’enfant et des parents, nous nous emploierons à repérer ce qui peut se dévoiler de jouissance dans l’écoute de chaque « un », à saisir comment la pratique orientée par la psychanalyse offre un accès vers une ouverture, un savoir-faire inédit afin que se fraie pour le sujet la possibilité d’envelopper l’insupportable pour s’en débrouiller. Et cela loin de la compréhension et de l’idéal de complétude.

Cette matinée s’articulera autour de situations cliniques. Elle a été pensée et organisée en direction de la Journée de l’institut de l’enfant au titre de Parents exaspérés – Enfants terribles. 

Elle sera rehaussée de la présence de Guy Poblome, psychanalyste, membre de l’ECF et directeur du prochain congrès PIPOL.

Pour Zazie-Belgique, Anne Semaille

 

[] Laurent É., « Institution du fantasme, fantasmes de l’institution », Les feuillets du Courtil, n° 4, 1992. Disponible sur internet : http://www.courtil.be/feuillets/PDF/Laurent-f4.pdf 

[] Cf. Lacan J., « Conférence à Genève sur le symptôme », Texte établi par J.-A. Miller, La Cause du désir, n° 95, p. 12.
[] Lacan J., « Vers un signifiant nouveau », Texte établi par J.-A. Miller, Ornicar ?, n° 17/18, p. 13.