Am...Stram...Gram, on joue ? Matinée Zazie

Argument

« Le Fort-Da, c’est d’abord un jeu, […]

un jeu qui est comme un filet signifiant jeté sur la jouissance. »

Jacques-Alain Miller, Du symptôme au fantasme, et retour.

L’image d’un enfant qui joue peut facilement apporter une atmosphère tantôt vive et joyeuse, tantôt violente et terrible, pleine d’actions et de dessins. Des scénarii kaléidoscopiques émouvants et des récits tragicomiques se jouent dans des mouvements qui peuvent paraître absurdes et hors sens.

Freud s’est intéressé au jeu de la bobine de son petit-fils Ernst : la bobine qui disparaissait maintes fois derrière le lit dans un long FOOOORT suivi de son retour dans un DAAAA enjoué. L’analyse qu’il nous a livrée de ce jeu du Fort-Da nous permet de voir ce qui est en jeu dans ce travail d’architecture du monde psychique fait par l’enfant, affecté par la présence de l’absence.

Depuis, on ne peut plus ignorer que, derrière l’ambiance ludique et les fantaisies, « se livre un combat – par un acte de culture – dans lequel le sujet engage son corps, sa parole et ses objets face aux évènements difficiles de l’existence  ». Entre création et répétition, l’enfant qui joue cherche à élaborer une réponse possible à l’angoisse. Cette réponse produit, par sa répétition, une satisfaction comparée par Freud  à la création poétique, ce que Lacan dépliera dans son trajet vers la logique du fantasme . Dans la construction du fantasme, le sujet se trouve d’une part face au manque du signifiant dans l’Autre – il ne peut pas tout dire ! – et d’autre part face à l’énigme du désir de l’Autre – Che vuoi ? Cet appel pulsionnel peut produire une satisfaction et une fixation de jouissance ; jouissance limitée par le désir de connaître le désir de l’Autre.

Ainsi l’enfant, par son jeu, se met en scène entre cette énigme du désir de l’Autre et cette fixation de jouissance. Une trame entre jeu symbolique et jouissance – pantomime du sujet dans sa quête face au réel insaisissable – crée la réalité du sujet dans un c’est ça !

La prochaine matinée clinique Zazie

Daniel Roy, dans son argument pour la prochaine journée de l’Institut de l’Enfant qui se tiendra sous le titre « Rêves et fantasmes chez l’enfant », nous invite à forger les outils pour nous opposer à l’exclusion des enfants du monde des semblants articulés entre rêves et fantasmes.

À l’ère du numérique et de ses avatars standardisés par le discours de l’époque, la prochaine matinée Zazie « Am… Stram… Gram, on joue ? » fera place au jeu d’enfant pour montrer son travail autour du fantasme à partir des inventions, récits et pantomimes, et ce, non sans l’adresse à un praticien qui s’oriente de la psychanalyse lacanienne.

Elle s’organisera avec la présentation et la discussion de trois cas cliniques. Pour ce faire, nous aurons le grand plaisir d’accueillir Bénédicte Jullien, psychanalyste à Paris, présidente de ParADOxes, membre de l’ECF et de l’AMP, qui nous donnera un éclairage sur les cas. 

Carina Arantes Faria,

pour Zazie-Belgique

Freud S., « Au-delà du principe de plaisir », Essais de psychanalyse, Paris, Payot, 2001, p. 49-128.

Darchy G., « À quoi jouons-nous ? », Ironik !, 29 novembre 2018, disponible sur internet.

Freud S., « Le poète et l’activité de fantaisie », Œuvres complètes, vol. VIII, Paris, PUF, 2007, p. 159-171.

Cf. Section clinique de Bruxelles, cycle 2023-2024 qui a pour titre Le fantasme.