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Séminaire Clinique et Politique des Institutions

Séminaire Clinique et Politique des Institutions

Clinique et doctrine de la séparation

7 jeudis sur l'année académique de 21h à 22h30

Argument

Clinique et doctrine de la séparation

Nous usons couramment du terme de séparation pour situer les difficultés dans les modalités du lien à l’autre et à leur corps dont témoignent les patients qui s’adressent à nos institutions.

Revenir à ce terme d’un abord apparemment simple, reprendre sa conceptualisation par Lacan, et interroger les manières d’en user dans la clinique pour notre lecture des symptômes est fécond si nous voulons élaborer comment orienter nos interventions.

La séparation s’associe chez Lacan avec l’aliénation comme les deux opérations constituantes du sujet.

L’aliénation est l’opération qui permet l’inscription du sujet dans la chaîne signifiante, non sans une perte, structurelle. D’être frappé par le signifiant qui va le représenter auprès d’un autre signifiant et lui permettre d’advenir au champ de l’Autre, de choisir le sens donc, plutôt que la pétrification sous le S1, le sujet perd cette part de lui-même qui n’entre pas dans la détermination signifiante.

Le sujet est cependant rivé, dans cette position, au flux métonymique de la chaîne signifiante. Il peut, à un moment, choisir de s’en séparer.

Il s’agit pour lui de récupérer quelque chose de son être, justement logé hors de la détermination signifiante. Pour cela, il lui faut, de ce vide, faire un manque qu’il adresse à l’Autre, et plus précisément au manque dans l’Autre. Ce manque dans l’Autre, c’est ce qui échappe toujours dans la parole, ce qui peut se traduire par un « Il dit cela, mais que veut-il me dire ? », autrement dit, c’est la question du désir de l’Autre, de son énonciation.

Ce que le sujet offre à l’Autre, c’est son manque-à-être, convoquant ainsi le manque dans l’Autre par ce qui peut se formuler comme un : « Peut-il me perdre ? ».

Ce qui l’introduit à la dimension de la mort, mais aussi du désir, et de l’amour.

Les achoppements dans cette double opération de causation du sujet provoquent un défaut de localisation de la jouissance, qui se manifeste dans les symptômes que le sujet adresse à l’institution.

Quelles réponses y proposer ? Les outils propres à l’institution, qu’elle soit ambulatoire ou résidentielle ; le transfert, s’il s’établit, permettent de moduler des réponses les plus ajustées à la position du sujet. De la traduction signifiante d’une part de la jouissance, dans la conversation avec le sujet, à la production d’un objet qui la localise, le lien à l’institution ou au praticien soutient ces opérations comme appartenant au lieu de l’Autre, qu’il représente.

Nous nous proposons, cette année, d’étudier ces modalités de réponse, et ce qu’elles nous apprennent de la réponse de chacun de ces sujets à l’Autre du signifiant par quoi il vient à l’existence.

Nadine Page