Séminaire Dire de l’Art
Séminaire Dire de l'art et la bibliothèque de l'ACF-B avec Pierre Malengreau
La métaphore transpercée Hélion, Ponge, Lacan
Mardi 14 mai 2024 à 20h
Nous avons le plaisir d’accueillir Pierre Malengreau à propos de son livre "La métaphore transpercée, Hélion, Ponge, Lacan".
Jean Hélion (1904-1987) est un peintre Français dont la synthèse de l’abstraction à la figuration a apporté à l’histoire de l’art moderne et contemporain une contribution majeure et sans équivalent. Il fait l’objet actuellement d’une formidable rétrospective (du 22 mars au 18 août) au Musée d’Art Moderne de Paris. Son travail avait à l’époque amené Francis Ponge à le rencontrer et, à partir de leurs conversations, à écrire quelques textes mémorables, dans lesquels il « accompagne les œuvres du peintre. Il rend présent le geste qui les produit. Il rend présente la manière dont Hélion interprète, pinceau à la main, l’interrogation qui forme l’horizon de son œuvre ».
À son tour, Pierre Malengreau s’appuie sur Hélion et Ponge, auquel il ajoute Lacan, pour interroger à nouveaux frais les conditions de création, dans les champs tant de la psychanalyse que de l’art : « La référence que Lacan fait à Francis Ponge éclaire ce que serait un nouvel usage des mots, un usage qui permettrait de rejoindre de temps en temps ce qu’il y a de réel, d’insensé et d’ininterprétable dans toute parole. Francis Ponge, dans un texte qui a pour titre Hélion, aborde cette question du nouveau à sa façon. Il l’aborde en faisant entrer son lecteur dans l’atelier de Jean Hélion ».
« À quelle condition du nouveau est-il possible ? Comment faire naître le présent ? La question vaut pour chacun, même s’il n’est pas sûr que chacun se la pose. Elle est en tout cas cruciale pour la psychanalyse […]
Qu’est-ce qu’un “signifiant nouveau” ? Lacan n’en fait pas un idéal, ni un maître-mot. Il tourne autour. […] Ce serait un signifiant qui n’aurait “aucune espèce de sens”, […] un signifiant qui “réveille”.
Cette soirée est donc l’occasion d’aborder ce qui fait la quintessence du travail du poète, du peintre et du psychanalyste. « Il s’agit de […] franchir le mur de l’idée préconçue, sortir les mots de “leur somnambulisme”, créer un évènement par l’opération d’une parole à l’état naissant ».
Les extraits cités se réfèrent successivement à la deuxième de couverture, et aux pages 7, 13, et 56 de l’ouvrage de Pierre Malengreau, La Métaphore transpercée, Hélion, Ponge, Lacan, Bruxelles, La Lettre Volée, 2024.
Discutantes : Marie-Françoise De Munck et Chiara Aquino
Responsables : Christiane Brewaeys, Bruno de Halleux, Yves Depelsenaire, Marc Segers, Pascale Simonet pour le Séminaire du Dire de l’Art
Marie-Claude Lacroix et Céline Poblome-Aulit pour la Bibliothèque.
Voici une citation :
« Hélion ne prétend pas se passer de la figuration ; il tente seulement de circonscrire l’impossible qu’elle recèle. […] Il introduit dans ce que nous voyons une négativité qui nous dépossède du sens que nous donnons à ce que nous voyons.
Ponge fait de cette expérience de franchissement de la barrière du sens un des enjeux de son texte intitulé Hélion. […]
L’écriture de Ponge est une écriture de réveil. […] Écrire ce qui réveille passe concrètement chez Ponge par un traitement particulier de la métaphore. Il ne s’agit plus de substituer un mot à un autre […] Le “je-ne-sais-pas-quoi-de-concret-contradictoire” qu’il ajoute à la métaphore la décomplète. [...] Ce “je-ne-sais-pas-quoi” ne complète pas la métaphore, il la transperce en exhibant sa matérialité sonore et visuelle. Il troue les effets de sens dont elle se nourrit. »
Malengreau P., La métaphore transpercée : Hélion, Ponge, Lacan, Bruxelles, La lettre volée, 2024, p. 88-89.