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Tya en Belgique

25ème Conversation du TyA à Bruxelles "Interpréter et intervenir"

Extime : Eric Zuliani

Samedi 27 janvier 2024 de 9h à 12h30 (accueil à 8h30)

Argument

Interpréter et intervenir

Grâce à la psychanalyse, nous pouvons distinguer les différentes modalités d’action dont nous disposons pour répondre aux impasses subjectives. Freud a découvert l’efficacité de l’interprétation qui vient mobiliser les significations incluses dans le symptôme. Mais cette mobilisation des significations a ses limites. Souvent, pour les sujets que nous rencontrons dans le domaine de la toxicomanie et de l’addiction, elle ne suffit pas ou, plus radicalement, ne convient pas. Nous parlerons alors d’intervention quand notre action procède hors du champ des significations.

Il n’y a pas à dévaloriser l’intervention par rapport à l’interprétation. C’est une autre modalité d’opération dans la pratique, exigée par la position du sujet à l’égard de son Autre, et tout aussi bien orientée par sa singularité. Pour chacun, « c’est par le signifiant qu’[il] s’est fait des passerelles vers l’Autre. Ces signifiants-là ont un statut particulier dans la psychose, en tant qu’ils témoignent d’une prise de position vis-à-vis de la jouissance. […] C’est de ces signifiants-là qu’il s’agit de partir dans l’intervention. » 1 La visée n’est-elle pas toujours de traiter l’impact qu’ont eu les mots sur le corps et l’histoire du sujet ?

Peut-on envisager l’idée qu’interprétation et intervention se rejoignent finalement quand il s’agit de les prendre du côté de l’acte qui s’orienterait du réel de l’expérience du sujet ? En effet, la consommation et les comportements à risque, tout ce qui est de l’ordre de la répétition, et que nous rencontrons en institution, sont des réponses à ce qui n’arrive pas à se symptomatiser. Qu’est-ce qui est de l’ordre de l’interprétation dans nos interventions, dès lors ?

Il y a avant tout un « dire que oui au sujet », inaugural, qui vise à s’en faire partenaire et à lui permettre de trouver une place d’où prendre la parole et être dans le lien social. Ensuite, viennent les réponses aux modalités de jouissances particulières : ne pas dire, interrompre, répondre à côté, regarder ailleurs, s’adresser à son collègue, donner de la voix, être témoin… Toutes sont des formes d’intervention utilisées par les intervenants pour rendre le transfert possible et inviter le sujet à une mise au travail.

Si un apaisement est possible, se pose alors la question des conditions nécessaires à une symptomatisation pour le sujet, à la construction d’une solution plus solide que celles dont il disposait jusqu’alors, et qui impliquerait un certain nouage entre signifiant et jouissance.

Nous souhaitons cette année réfléchir à partir de cas cliniques à ces questions et mettre en avant les modalités d’intervention dans la pratique avec les patients dont le recours principal est la consommation. Que pouvons-nous apprendre des interventions qui opèrent pour un sujet en institution? En quoi la clinique des « dits toxicomanes » nous permet-elle d’interroger ce qui a trait à l’interprétation et à l’intervention ?

Hélène Coppens

1. Hoornaert G. L’intervention entre le sujet et l’Autre, Le feuillets du Courtil, 2003, p. 55. Online : Hoornaert-f4.pdf 16 (courtil.be)